Johann Chapoutot
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Les Irresponsables : Qui a porté Hitler au pouvoir ?
Johann Chapoutot
- Gallimard
- Nrf Essais
- 6 Février 2025
- 9782073061195
Un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d'affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d'élites traditionnelles, perd tout soutien populaire : au fil des élections, il passe de presque 50% à moins de 10% des voix et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, sans parlement, voire sans démocratie. Cet extrême centre se pense destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure et portera bientôt ses fruits. Quand les forces de répression avertissent qu'elles ne pourront faire face à un soulèvement généralisé, le pouvoir, qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec l'extrême droite, avec laquelle il partage, au fond, à peu près tout, et de l'installer au sommet. Cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933. Elle repose sur une lecture des archives politiques, des journaux intimes, correspondances, discours, articles de presse et Mémoires des acteurs et témoins majeurs. Elle révèle non pas la progression irrésistible de la marée brune, mais une stratégie pour capter son énergie au profit d'un libéralisme autoritaire imbu de lui-même, dilettante et, in fine, parfaitement irresponsable.
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Le monde nazi : 1919-1945
Johann Chapoutot, Christian Ingrao, Nicolas Patin
- Tallandier
- Histoire
- 19 Septembre 2024
- 9791021045804
Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier du Reich. Les nazis avaient développé, depuis 1919 et le traumatisme de la Grande Guerre, une vision du monde qui n'avait d'original que sa cohérence raciste et son élan utopique. Ils surent exploiter le contexte d'une crise majeure, celle de 1929, pour subjuguer les consciences et accéder au pouvoir.
Le pouvoir leur fut donné, avec une inconséquence sidérante, par les élites en place qui pensaient que Hitler ne tiendrait que quelques semaines et que ses partisans seraient « domestiqués ». Or les nazis prirent immédiatement le contrôle du pays avant de le conduire à la destruction, réduisant finalement le continent tout entier à un immense charnier. Le monde intérieur nazi, cet imaginaire politique pétri de haine, d'angoisse et d'utopie, avait donné naissance en l'espace de douze années à un monde infernal ; un monde qui impliquait la mort de dizaines de millions de personnes, dont la majorité des Juifs du continent.
Dans cet ouvrage, trois historiens du nazisme proposent un récit inédit, une histoire totale du national-socialisme, de sa naissance en 1919 à son effondrement en 1945. En se fondant sur les renouvellements de l'historiographie internationale de ces trente dernières années ainsi que sur une pratique constante des sources, Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin analysent le nazisme de l'intérieur : le système de croyances, les émotions fanatiques et la culture militante des années 1920 ; la nature du « Troisième Reich » comme « dictature de la participation » fondée sur un consentement massif de la population ; enfin, la « guerre génocide » de 1939-1945, apocalypse raciale qui réalise les potentialités de l'eschatologie nazie. -
Libres d'obéir ; le management, du nazisme à aujourd'hui
Johann Chapoutot
- Gallimard
- Nrf Essais
- 9 Janvier 2020
- 9782072789243
Reinhard Hohn (1904-2000) est l'archétype de l'intellectuel technocrate au service du III? Reich. Juriste, il se distingue par la radicalité de ses réflexions sur la progressive disparition de l'État au profit de la «communauté» définie par la race et son «espace vital». Brillant fonctionnaire de la SS - il termine la guerre comme Oberführer (général) -, il nourrit la réflexion nazie sur l'adaptation des institutions au Grand Reich à venir - quelles structures et quelles réformes ? Revenu à la vie civile, il crée bientôt à Bad Harzburg un institut de formation au management qui accueille au fil des décennies l'élite économique et patronale de la République fédérale : quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance, y ont appris, grâce à ses séminaires et à ses nombreux manuels à succès, la gestion des hommes. Ou plus exactement l'organisation hiérarchique du travail par définition d'objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très exactement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l'Est, exterminer les Juifs. Passé les années 1980, d'autres modèles prendront la relève (le japonais, par exemple, moins hiérarchisé). Mais le nazisme aura été un grand moment managérial et une des matrices du management moderne.
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LTI, la langue du IIIe Reich
Victor Klemperer, Elisabeth Guillot
- Albin Michel
- Espaces Libres ; Histoire
- 30 Août 2023
- 9782226484840
À partir de 1933, le philologue allemand Victor Klemperer tient un journal dans lequel il consigne toutes les manipulations du IIIe Reich sur la langue et la culture de son pays. Offrant un décryptage inédit de la novlangue nazie qu'il baptise LTI : Lingua Tertii Imperii, ses notes montrent comment le totalitarisme et l'antisémitisme s'insinuent dans le langage courant et s'inscrivent au plus intime de chacun. Par l'adoption mécanique et inconsciente de l'idéologie que véhiculent les mots, les expressions et les formes syntaxiques, cette langue de propagande agit comme un poison. LTI est plus qu'un acte de résistance et de survie, c'est un classique et une référence pour toute réflexion sur le langage totalitaire. Fils de rabbin,Victor Klemperer (1881-1960) fut professeur de philologie et de littérature française avant d'être destitué en 1935 pour être affecté à un travail de manoeuvre dans une usine. Il échappa de justesse à la déportation, puis à la mort lors du bombardement de Dresde. Après la guerre, il redevint professeur d'université dans la nouvelle RDA.
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À mon frère le paysan
Elysée Reclus, Clément Vuillier
- Reliefs Éditions
- Bibliothèque Illustrée
- 8 Novembre 2024
- 9782380362008
La Bibliothèque illustrée de Reliefs accueille une nouvelle collection de titres engagés :
- Un ouvrage illustré, préfacé et réalisé avec soin
- Un texte court et percutant montrant la persistance des enjeux de l'écologie politique
Après Histoire d'une montagne, retrouvez un nouveau titre d'Élisée Reclus, illustré par Clément Vuillier et préfacé par Johann Chapoutot.
Brochure publiée en 1899 par le journal anarchiste Les Temps nouveaux, À mon frère le paysan est un cri de colère et d'alarme du géographe Élisée Reclus. Après avoir dénoncé la propriété des héritiers et des spéculateurs, il invoque le droit de tous à la terre, s'opposant à son « exploitation scientifique », et conclut par un appel à la solidarité. Un manifeste visionnaire aux échos contemporains. -
Le ravin : une famille, une photographie, un massacre au coeur de la Shoah
Wendy Lower
- Tallandier
- Texto
- 13 Mars 2025
- 9791021065239
13 octobre 1941, Myropil, en Ukraine. Un tireur pointe son fusil sur une femme, à demi masquée par un nuage de fumée. Elle est penchée en avant, au bord d'un ravin, et tient la main de son petit garçon.
L'historienne américaine Wendy Lower a voulu rendre justice à cette femme et ses enfants. Au terme de dix années d'enquête menée en Ukraine, en Allemagne, en Slovaquie, en Israël et aux États-Unis, elle est parvenue à identifier les victimes et les tueurs, ainsi que le photographe slovaque qui a saisi cette exécution.
À travers cette image unique, Wendy Lower nous livre une lecture nouvelle et saisissante des massacres nazis perpétrés par les Einsatzgruppen. -
Pour les nazis, la «culture» était à l'origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d'eau, on s'accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l'évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes que sont l'égalité, la compassion ou l'abstraction du droit. Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une «révolution culturelle», retrouver le mode d'être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C'est en refondant ainsi le droit et la morale que l'homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la révision générale des normes et à la réécriture de l'histoire de l'Occident, il devenait licite, moral et prescrit de frapper et de tuer.
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La première biographie française de l'"espion du siècle".
Homme de l'ombre, préférant largement les coulisses aux feux des projecteurs, Reinhard Gehlen (1902-1979) a traversé les heures les plus tragiques du XXe siècle avec une dextérité inégalable, avant de progressivement sombrer dans l'oubli.
Militaire de carrière, il gravit peu à peu les échelons de la Wehrmacht au cours des années 1930. En 1942, il est nommé chef du service de renseignement sur les armées étrangères de l'Est, où il fournit au commandement de l'armée hitlérienne de précieuses informations sur l'Armée rouge. Critique des décisions stratégiques d'Hitler dès les premières années de la guerre, il se rapprochera des conspirateurs de juillet 1944, évitant toutefois la purge consécutive à l'échec de l'opération Walkyrie .
Après la chute du IIIe Reich, Gehlen réussit à cacher son passé et poursuit sa carrière dans le renseignement en collaborant avec la CIA - n'hésitant pas à recruter d'anciens nazis à son service. Son réseau, ses méthodes et son zèle anticommuniste le rendent bientôt indispensable et font de lui un allié de poids pour les États-Unis et le bloc de l'Ouest.
Personnage volontiers occulte, d'une grande duplicité, Gehlen tentera tout au long de sa vie de faire oublier ses accointances nazies, forgeant ainsi sa propre légende d'" espion du siècle ".
Clément Tibère, d'un style fluide et percutant, raconte les vies multiples de cette figure hors norme, nous relatant sans concession ses succès, mais aussi ses ambivalences et ses échecs, jusqu'à sa chute et sa disgrâce. -
Devant l'ampleur et le caractère inédit des crimes nazis - qu'ils soient collectifs ou individuels -, les historiens butent sur leur causalité profonde, qui reste obscure. Ces comportements monstrueux s'appuient pourtant sur des fondements normatifs et un argumentaire juridique qu'il faut prendre au sérieux. C'est ce que fait ici Johann Chapoutot dans un travail de grande ampleur qui analyse comment les philosophes, juristes, historiens, médecins ont élaboré les théories qui faisaient de la race le fondement du droit et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout : la procréation, l'extermination, la domination.
Une profonde intimité avec une immense littérature publique ou privée - correspondances, journaux intimes -, avec la science et le cinéma du temps, rend sensible la manière dont les acteurs se sont approprié ces normes qui donnent un sens et une justification à leurs manières d'agir. Comment tuer un enfant au bord de la fosse peut relever de la bravoure militaire face à l'ennemi biologique. Si le métier d'historien consiste à comprendre et non à juger, ou à mieux comprendre pour mieux juger, ce livre jette une lumière neuve et originale sur le phénomène nazi.
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Quitter Berlin : Journal de jeunesse
Gershom Scholem
- Rue D'Ulm
- Versions Françaises
- 14 Mars 2025
- 9782728808830
Adolescent, Scholem redécouvre ses racines, apprend la langue hébraïque, étudie le Talmud, les mathématiques et la philosophie, fréquente Martin Buber et les milieux Ostjuden, fait la rencontre déterminante de Walter Benjamin et réfléchit sur le sionisme. Écrit dans une langue fiévreuse, particulièrement dense et foisonnante, son Journal de jeunesse évoque tour à tour son opposition à la guerre et à l'idéologie de l'assimilation, l'anarchisme, ses relations orageuses avec son père, la figure de son frère Werner, socialiste, ses séjours à Munich, Heidelberg, Iéna et Berne, les prémices de son intérêt pour la mystique juive et de sa vocation d'historien... Inédit en français, il constitue un témoignage irremplaccable sur l'Allemagne pré-hitlérienne et la genèse de sa pensée.
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Une biographie de l'un des rares nazis français.
Le premier ouvrage à étudier cette période de sa vie, trop souvent éludée, y compris dans les travaux publiés récemment.
Une contribution majeure à l'histoire du fascisme.
Apprécié par les générations de l'après-guerre pour ses biographies à succès et ses reportages sur le monde arabe dans Paris Match, Jacques Benoist-Méchin (1901-1983) fait figure d'honorable homme de lettres, invité vedette de la célèbre émission télévisée " Apostrophes " à la fin de sa vie.
Mais dans sa jeunesse, Benoist-Méchin a cédé aux sirènes du fascisme. Auteur dans les années 1930 d'une monumentale
Histoire de l'armée allemande et d'un trompeur
Éclaircissements sur Mein Kampf, ce baron-artiste-intellectuel entre au gouvernement de Vichy après la défaite de 1940. Le maréchal Pétain le charge de missions de confiance, et bientôt Benoist-Méchin devient l'éminence grise de l'amiral Darlan qu'il accompagne au Berghof, invité par Hitler en 1941.
Faisant office de quasi-ministre des Affaires étrangères, Benoist-Méchin oeuvre à l'alliance militaire avec l'Allemagne nazie contre l'Angleterre et les États-Unis. Il fut l'indiscutable champion de la
Kollaboration sous l'Occupation. La justice de la Libération ne s'y est pas trompée, qui l'a condamné à mort. Il fut gracié deux mois plus tard par le Président Auriol.
Prolongeant son étude du régime de Vichy sous l'angle spécifique de la collaboration d'État avec le IIIe Reich, Bernard Costagliola relate le destin d'un autodidacte de talent égaré dans l'ornière nazie. -
Le grand récit ; introduction à l'histoire de notre temps
Johann Chapoutot
- PUF
- 29 Septembre 2021
- 9782130825364
L'histoire n'est pas une réalité brute, mais surtout, le récit que l'on en fait, à l'échelle individuelle comme à l'échelle des groupes et des sociétés, pour donner sens au temps, au temps vécu, au temps qui passe. Jadis, le sens était tout trouvé : il avait pour nom(s) Dieu, Salut, Providence ou, pour les plus savants, Théodicée. À l'orée du XXe siècle, la lecture religieuse n'est plus crédible, dans le contexte de déprise religieuse qui caractérise l'Occident - l'Europe au premier chef. La question du sens (« de la vie », « de l'histoire »...) en devient brûlante et douloureuse, comme en témoignent les oeuvres littéraires et philosophiques du premier XXe siècle, notamment après ce summum d'absurdité qu'aura constitué la mort de masse de la Grande Guerre. La littérature entra en crise, ainsi que la philosophie et la « pensée européenne » (Husserl). On ne peut guère comprendre le fascisme, le nazisme, le communisme, le national-traditionnalisme mais aussi le « libéralisme » et ses avatars sans prendre en compte cette dimension, essentielle, de donation et de dotation de sens - à l'existence collective comme aux existences individuelles -, sans oublier les tentatives de sauvetage catholique ni, toujours très utile, celles du complotisme.
Au rebours de l'opposition abrupte entre discours et pratiques, ou de celle qui distingue histoire et métahistoire, il s'agit d'entrer de plain-pied dans l'histoire de notre temps en éclairant la façon dont nous habitons le temps en tentant de lui donner sens.
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La radicalité du mal que le nazisme représente, le nombre insensé de ses victimes et la violence hors norme de ses bourreaux interrogent sans fin voire engendrent une forme de scepticisme.
Comment les nazis se sont-ils persuadés que la vie sociale et politique reposait sur la « biologie » ? Comment les barrières mentales ont-elles si facilement sauté ? Comment l'antijudaïsme ancien s'est-il mué en Allemagne en un antisémitisme exterminateur ? Comment les meilleurs juristes en sont-ils venus à récuser la morale et le droit communs ? Comment une part de la population a-t-elle fini par croire qu'elle vivait un moment particulier de malheur et de détresse qu'il fallait conjurer de toute urgence ? En somme, par quelle « révolution culturelle » des hommes ordinaires sont-ils devenus des barbares ?
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Les 100 premiers jours de Hitler : quand les Allemands ont adhéré au Troisième Reich
Peter Fritzsche
- Tallandier
- Texto
- 12 Septembre 2024
- 9791021063228
En à peine 100 jours, Hitler transforme une démocratie en tyrannie ; les nazis installent un Reich prêt à faire sombrer l'Europe dans la guerre.
La nomination de Hitler au poste de chancelier, le 30 janvier 1933, n'avait rien d'inévitable et ne permettait pas de prédire l'avenir de l'Allemagne. Pourtant, entre ce qui se joue en janvier 1933 et la construction du premier camp de concentration de Dachau, en mars de la même année, la route est aussi directe que brève.
En 100 jours, les nazis ont confié les pleins pouvoirs à leur Führer, installé un commissaire du Reich dans chaque Land, démantelé les syndicats et promulgué des lois faisant des Juifs allemands des citoyens de seconde classe.
Peter Fritzsche montre la rapidité et la radicalité des changements qui touchent l'Allemagne en 1933 et, en filigrane, comment la république de Weimar a basculé dans la dictature. -
Les 100 mots de l'histoire
Johann Chapoutot
- Que sais-je ?
- Que Sais-Je ? Les 100 Mots
- 15 Septembre 2021
- 9782130735175
Selon le philosophe allemand Ernst Cassirer (1874-1945), être historien, c'est d'abord apprendre à lire. À lire une langue, à déchiffrer un monde, à cartographier un univers mental : celui des hommes et des femmes du passé. Donc, contrairement aux idées reçues, l'histoire n'est pas qu'une affaire de dates, elle est aussi affaire de mots.
Johann Chapoutot en a sélectionné 100 pour sensibiliser le grand public à une discipline au coeur du débat d'idées contemporain, et qui s'est construite comme une science, avec son épistémologie (l'historiographie), mais une science bien littéraire, dont l'objet n'est rien de moins que le temps !
Voici le petit livre d'un historien chevronné qui, en amoureux du gai savoir, vous fera entrer dans l'histoire...
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En regardant les images filmées il
y a quatre-vingts ans lors des Jeux
olympiques de 1936, on en
oublierait qu'elles ont été tournées
en plein coeur de l'Allemagne
nazie.
Le triomphe de Jesse Owens qui
remporte à Berlin quatre médailles
d'or (au 100 mètres, au 200
mètres, au 4x100 mètres et au
saut en longueur) semble
consacrer encore aujourd'hui la
victoire du sport et de l'idéal
olympique, comme si le jeune
athlète noir américain avait été
notre champion, et qu'il était
parvenu, sportivement, à vaincre
le monstre nazi.
L'exploit de Jesse Owens est
incontestable, mais cette belle
histoire à laquelle nous aimerions
croire, n'est qu'un arrangement
avec la réalité, une fiction.
Le livre de Jérôme Prieur raconte
en détail cette gigantesque
opération de propagande
commencée dès 1933, ainsi
découvre-t-on la préparation,
l'orchestration et la mise en scène
d'un spectacle qui fut bien moins
sportif que politique, et les Jeux de
1936, un jeu avec les apparences. -
Deux grands noms de l'histoire de l'Allemagne contemporaine dressent une biographie renouvelée du personnage le plus fantasmé du XXe siècle. D'où venait Hitler, quel était son véritable buit et l'a-t-il atteint ? Plus qu'un portrait, c'est un parcours, entre échecs personnels et succès politiques, entre folles obsessions et pragmatisme froid, que Johann Chapoutot et Christian Ingrao retracent. L'une de ses prophéties était : « Il n'y aura plus jamais de novembre 1918 dans l'histoire allemande. » : lui et le peuple allemand ne survivront pas à la défaite. En déconstruisant méthodiquement le mythe - cette ambition ultime d'Hitler et de Goebbels -, le travail de l'historien peut aider à vaincre une dernière fois le nazisme : Hitler n'était ni brillant, ni même saint d'esprit ; son projet ne reposait sur aucune forme de rationalité ; l'ampleur de ses crimes est inédite et documentée. Comment alors a-t-il pu emmener toute une population aussi loin dans le meurtre et l'autodestruction ?
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Fascisme, nazisme et régimes autoritaires en Europe (1918-1945)
Johann Chapoutot
- PUF
- Quadrige
- 31 Août 2013
- 9782130618751
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Le livre noir des classiques : Histoire incorrecte de la réception de l'Antiquité
Giusto Traina
- Les Belles Lettres
- 15 Septembre 2023
- 9782251454764
Laissons-nous les portes de notre civilisation ouvertes aux barbares, en oubliant nos racines grecques et romaines ? Ou bien sommes-nous les barbares, lorsque nous utilisons bêtement notre passé pour justifier le pire de notre civilisation ?
Les exemples de ce que l'on peut appeler la mauvaise réception de l'Antiquité sont légion. Dans ce Livre noir, l'irrévérencieux et savant Giusto Traina en dresse l'histoire incorrecte. Il sélectionne les cas les plus intéressants voire les plus curieux, de 1900 à nos jours. On croisera ce psychiatre militaire américain inspiré par les poèmes homériques ; on évoquera le débat sans merci entre Martin Bernal et ses détracteurs ; on dressera le bêtisier de la démocratie dans la Grèce antique ; on suivra l'usage et l'abus du mythe d'Antigone, de Hegel à Agamben ; on comprendra les controverses sur les statues antiques ; on déchiffrera le conflit idéologique entre la Grèce et la Macédoine du Nord sur l'identité d'Alexandre le Grand ; on s'amusera du kitsch gréco-romain de Las Vegas ou d'une France qui n'en finit pas de se réclamer de ses ancêtres les Gaulois...
Ce panorama passionné et jubilatoire de l'usage toxique de l'Antiquité aidera chacun à comprendre, enfin, ce qui est vivant et ce qui est mort dans notre rapport aux Grecs et aux Romains. -
Histoire de l'Allemagne (1806 à nos jours)
Johann Chapoutot
- Que sais-je ?
- Que Sais-Je ?
- 18 Mai 2022
- 9782715408142
De l'histoire de l'Allemagne, nous avons surtout retenu ce qui nous concerne : 1870, deux guerres mondiales, les horreurs du nazisme, le Mur et sa chute, la puissance économique retrouvée depuis la réunification. Nous savons aussi l'apport littéraire et philosophique des Allemands.
Raconter l'Allemagne contemporaine, c'est évidemment revenir sur ces faits. C'est peut-être aussi, de 1806 à nos jours, suivre le fil de la lente construction d'une démocratie libérale. « Unité, droit et liberté » sont les trois premiers mots de l'hymne choisi par les Allemands en 1949. Ils disent le dessein ancien, proclamé dès 1813 et qui s'est réalisé pendant la seconde moitié du XXe siècle, de faire nation dans la liberté et le droit.
Pour donner à comprendre cette histoire complexe et souvent mal connue, Johann Chapoutot a composé un récit historique aussi riche que vivant, où se mêlent événements politiques, vie culturelle et paroles d'Allemands.
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Quand la République de Weimar est-elle morte ? On retient généralement un événement central : l'appel à la chancellerie, à Berlin, d'Adolf Hitler. On ne prête guère d'attention à un autre fait, provincial, obscur : l'assassinat violent, dans un bourg reculé de Silésie, d'un ouvrier communiste par cinq SA ivres et brutaux. Débordé par une base impatiente et altérée de pouvoir, Hitler fait une entorse à son légalisme proclamé et prend fait et cause pour les assassins.
Devant la menace, le gouvernement commue la peine des meurtriers. L'Etat de droit prend fin : les nazis revendiquent une nouvelle légalité, qui fait des meurtriers des soldats et d'un crime, un acte de guerre ou de justice. Ce fait divers invite à une histoire politique et culturelle de la République de Weimar, mais aussi du parti nazi : le contentieux entre la base SA et la hiérarchie du parti devait être réglé plus tard, lors de la Nuit des longs couteaux.
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Né en 1889 à Francfort-sur-le-Main et mort en 1966 à New York, Siegfried Kracauer a été beaucoup de choses dans sa vie : architecte et écrivain, rédacteur au Frankfurter Zeitung et figure majeure du milieu culturel de Weimar, membre du quatuor philosophique formé avec Adorno, Benjamin et Bloch, homme politique de gauche, critique de cinéma, chercheur en sciences sociales... Réfugié en errance entre 1933 et 1941, il rejoint d'abord Paris, puis New York via Marseille et Lisbonne. Au bout de ce périple, l'Amérique lui apportera une certaine tranquillité d'esprit, et lui permettra d'être celui qu'il avait toujours été??: un écrivain philosophe, fin observateur de la modernité. À travers cette biographie passionnante et définitive, Jorg Später retrace le parcours d'un personnage clé de la vie intellectuelle de son époque, en nous faisant revivre l'effervescence et les dilemmes du XXe siècle en compagnie de «?cet autre Benjamin?» .